La Citadelle à l'époque du Dépôt 85, camp de prisonniers de guerre. Octobre 1944 - Avril 1948. Dès les débuts de sa libération en 1944, la France est confrontée à la captivité de centaines de milliers de soldats de l’armée hitlérienne : emprisonnés dans des camps provisoires ou dans des structures plus pérennes, leur sort dépend alors de leurs détenteurs et de conventions internationales. La capitulation de l’Allemagne nazie ne signifie toutefois pas leur démobilisation. Enjeux économiques et idéologiques d’un nouveau gouvernement français, les prisonniers sont utilisés jusqu’en 1948 pour reconstruire, au sens propre comme au sens figuré, le pays qui se relève des quatre années de l’Occupation.
Si la Citadelle de Besançon est aujourd’hui le site touristique et culturel le plus visité de Franche-Comté, le destin de cette fortification militaire du XVIIe siècle est intimement lié à l’histoire nationale. Dès le 9 octobre 1944, elle prend le vocable de Dépôt 85 sur décision du ministère de la Guerre et près de 6 500 prisonniers y transitent jusqu’à la dissolution du dépôt en 1948.
Trophées de la victoire et vaincus détestés, employés, collègues ou encore amis : de quelle(s) manière(s) les civils percevaient-ils les vainqueurs d’hier ? Comment ce dépôt était-il organisé et quel était le quotidien des prisonniers ? De l’hécatombe humaine des premiers mois à la naissance d’une vie culturelle dès 1946, le camp, sa nomenclature militaire et ses prisonniers connaissent d’importants changements.
Que reste-t-il aujourd’hui de cette mémoire ? L’historiographie liée à la captivité allemande reste récente. Pour la première fois, cet ouvrage explore une période méconnue et analyse, grâce aux archives françaises et allemandes, les relations entre autorités, prisonniers de guerre et populations civiles, marquant alors un renouveau des échanges franco-allemands post Seconde Guerre mondiale.